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franc-tireur1 dans
POLITIQUE le
5 Décembre 2006 à 11:32
Le tout récent voyage au proche orient de la candidate socialiste Ségolène Royal a fait couler beaucoup d'encre et de salive dans l'hexagone, en particulier à cause des déclarations supposées d'un député libanais comparant les actions militaires israéliennes au nazisme. Pourtant le véritable scandale de la visite de madame Royal me semble être ailleurs : tout d'abord, dans la fluctuation de ses positions diplomatiques en fonction des interlocuteurs ; ensuite, et surtout, dans son attitude, légère voir dangereuse, vis à vis des troupes françaises de la FINUL.
Ségolène Royal a désormais une maîtrise bien rôdée de la communication médiatique. Pour autant, la succès qu'elle rencontre au proche orient peut s'expliquer tout autrement. En effet,la candidate socialiste change de position diplomatique en fonction de ses interlocuteurs, inaugurant un nouveau genre de politique étrangère : la diplomatie à géométrie variable.
Ainsi lors de sa visite au Liban, madame Royal prend une position très claire concernant le survol par la chasse israélienne des positions des casques bleus basés le long de la frontière : "Je crois que les survols doivent cesser parce que c'est à la fois l'intérêt d'Israël et l'intérêt du Liban. Il faut respecter le mandat de l'Onu, le mandat de la Finul et donc il faut que ces survols cessent" (Reuters 1/12/06). Mais voilà, trois jour plus tard, lors de sa rencontre avec le premier ministre Ehud Olmert, elle prend une position bien différente. Ségolène Royal justifie désormais les survols des positions de la Force intérimaire des Nations unies au Liban par des appareils israéliens : "Je sais que ces survols sont liés à la défense de la sécurité d'Israël". (AFP, 4/12/06).
Cette volte face diplomatique est tout d'abord préoccupante, car elle rend la position de la candidate socialiste illisible, ou plus exactement, elle permet aux différentes parties en présence d'y lire ce qu'elles souhaitent. Madame Royal applique aux affaires internationales la même stratégie qui a fait son succès dans les affaires intérieures françaises : celle du « kaléidoscope que l'on se passe de main en main, tel que chacun puisse donner à sa guise au chaos du hasard la forme et la couleur qu'il préfère », selon le bon mot de Didier Motchane (Libération, 10/10/06).
Mais le véritable scandale est que Madame Royal a menti aux 1.650 soldats français engagés dans la Finul qui risquent leurs vies pour faire appliquer les résolutions de l'ONU et essayer de garantir la stabilité de la région. Alors que lors de sa rencontre avec le Général Alain Pélégrini, commandant de la FINUL, elle demande l'arrêt des survols israéliens qui mettent « en difficulté la Finul, porte[ent] atteinte à sa crédibilité » (Reuters, 1/12/06), elle donne finalement un blanc seing au gouvernement israélien pour qu'il poursuive le survol des positions de la FINUL. Volontairement ou non, consciemment ou non, la candidate socialiste expose ainsi directement les casques bleus, dont de nombreux soldats du pays qu'elle aspire à diriger. Le mépris de la vie de nos soldats au nom d'une pure stratégie de communication est tout simplement scandaleux.
"J'évaluerai en fonction de propositions qui me sont faites"
Les errements diplomatiques de Ségolène Royal ne s'arrêtent pas à ce dramatique épisode. Sa position vis à vis du Hamas, évolue jusqu'à la contradiction, au gré de ses interlocuteurs.
Ainsi, au Liban, la candidate socialiste n'excluait pas « de rencontrer des élus palestiniens du Hamas » (REUTERS 1/12/06). Elle restait toutefois très prudente sur un éventuel contact avec le mouvement islamiste palestinien : « Je verrai les propositions qui me sont faites mais s'il s'agit d'élus démocratiquement désignés, je verrai ». A Gaza, lors de son entretien avec le président de l'Autorité palestinienne, Mahmoud Abbas, Ségolène Royal prend position pour le rétablissement des aides financières à l'autorité palestinienne, supprimées par la communauté internationale lors de l'arrivée au pouvoir du Hamas. (« A Gaza, la candidate appuie Abbas », Libération, 4/12/06).
Bref, au Liban et en Palestine, Madame Royal, bien que prudente, considérait que le Hamas avait une légitimité démocratique, puisqu'elle n'excluait pas de rencontrer certains de ses élus et prônait le rétablissement des aides financières au gouvernement dirigés par le Hamas.
Volte-face, lors de sa rencontre avec Ehud Olmert : "En l'état actuel des choses, où le Hamas est sur la liste des organisations terroristes, il n'est pas question de parler aux dirigeants du Hamas", (AFP 4/12/06). Elle a néanmoins estimé « qu'il peut y avoir d'éventuels contacts dans le cadre des discussions menées par le président de l'Autorité palestinienne Mahmoud Abbas pour former un gouvernement d'union » ; « Encore faudrait-il, a-t-elle ajouté, que le Hamas accepte les conditions fixées internationalement: reconnaissance de l'existence de l'Etat d'Israël et de tous les accords israélo-palestiniens conclus antérieurement, renonciation à la violence » (AFP 4/12/06).
Si on considère que le Hamas a une légitimité démocratique, ne-serait il pas logique que le gouvernement israélien reconnaisse le gouvernement palestinien sans préalable ? Inversement, si le Hamas est une organisation terroriste, pourquoi lui rétablir les aides financières dont une partie pourrait être détournée pour financer le terrorisme ?
Seule position sur laquelle la candidate socialiste n'a pas évoluée : le nucléaire iranien. Ségolène Royal s'est fermement engagée contre l'accès de l'Iran au « nucléaire civil » (celui-ci pouvant mener à terme au nucléaire militaire). Ce point mérite d'être débattu car Le nucléaire civil est élément clef du développement économique et écologique (pas de gaz à effet de serre) d'un pays. Par ailleurs, si les déclarations du président Iranien (appelant à « rayer Israël de la carte », ndlr) sont inquiétantes et doivent être prises au sérieux, nombreux sont les analystes qui estiment que l'arme nucléaire sert avant tout à sanctuariser un territoire, c'est à dire éviter une incursion extérieure et non à agresser.
Il est surtout à espérer que Madame Royal ne rencontre pas le gouvernement Iranien, elle pourrait alors se rallier au droit de l'Iran à disposer de l'arme nucléaire...
En France, Ségolène Royal met en avant sa féminitié et joue sur les états d'âme des français vis à vis de la classe politique. Force est de constater qu'en matière de politique étrangère elle est loin d'avoir l'âme et la stature d'une Femme d'Etat.
Franc-tireur
Allez voir ce blog sur Ségolène Royal. Vous devriez en contacter l'auteur pour lui proposer ce texte, qui est tres bon. http://desirsdavenir.over-blog.com//article-4490781.html Amic'