• Assemblée nationale : L'étendard sanglant relevé !


    Une fois n'est pas coutume, je vais rendre hommage à une initiative du président de l'Assemblée Nationale, M. Jean Louis Debré. Celui-ci vient en effet de faire placer dans l'hémicycle, au dessus du perchoir, le drapeau tricolore national.

    En réponse à cette initiative, la Ministre aux affaires européennes, l'UMP Catherine Colonna, rejointe par les députés UDF et certains socialistes, est intervenue pour « former le vœux que le drapeau européen [...] soit présent à côté du drapeau français ».

    Jean-Louis Debré a rejeté leur demande en répondant que nous étions ici dans l'assemblée nationale et qu'à ce titre seul le drapeau national y avait sa place... s'attirant les protestations d'une partie de l'hémicycle.

    Certes, le débat autour de la présence de l'étendard tricolore peut sembler superficiel, alors que la plupart des normes juridiques ne sont plus votées par les représentants élus du peuple français mais sont décidées par les institutions supranationales de l'Union Européenne. M. Debré fut d'ailleurs un partisan du projet de constitution européenne qui promettait tout simplement de soumettre définitivement la Constitution rédigée par son père, détruisant ainsi ce qui nous restait encore de souveraineté. Et sa tirade sur l'assemblée nationale comme lieu de l'élaboration de la loi nationale semble hypocrite quand, à tant de reprises, les parlementaires ont accepté passivement le mécanisme des ordonnances gouvernementales pour transposer les directives européennes dans la loi nationale.

    Mais, ce qui est vraiment intéressant dans cette polémique, c'est que certains parlementaires veuillent à tout prix réduire tout symbole national et tout ce qui pourrait rappeler l'histoire de la République Française, pour les mettre au même niveau que la très bureaucratique construction européenne. Car le drapeau tricolore est un « étendard sanglant », le sang de ceux qui l'ont brandit au nom de la Révolution, de la République et/ou de la France. Symbole de liberé, le drapeau tricolore sera adopté par de nombreux pays lors de leur accession à l'indépendance précisément en hommage au drapeau français (Belgique, Irlande, Italie, Roumanie, sénégal, côte d'Ivore, Mali..).

    Le drapeau européen n'a pas cette histoire et même n'a pas d'histoire : il ne vaut guère mieux que les drapeaux à logo qui flottent devant les sièges de grandes entreprises multinationales : il ne renvoie qu'au vide politique et culturel du marché commun et de l'Euro dont les billets représentent exclusivement des monuments fictionnels, afin de ne jamais rappeler une quelconque histoire des nations européennes. Et sans passé pas d'avenir ! La preuve, sur les billets européens les portes et fenêtres s'ouvrent sur le vide et les ponts ne mènent nul part...

    Ceci rappelle certaines œuvres d'anticipation, où le pouvoir officiel cherche à bannir toutes les formes de culture (1984, fahrenheit 451) qui pourraient rappeler aux individus qu'une autre société avait existé... et existe encore.

    Car tant que subsistent ses références culturelles, la culture nationale et patriotique subsiste. Et si les européistes sont prêts à infliger aux peuples tous les sacrifices pour bâtir l'Europe libérale et supranationale, ils savent que personne n'aura jamais envie de sacrifier sa vie pour un tel projet. Seule la patrie (entendue comme entité culturelle et politique) peut susciter le sacrifice suprême, car si celle-ci est une communauté de citoyens, elle n'est pas réductible à simple contrat social. La nation c'est aussi, comme le disait St Just, la « communauté des affections » :

    « La patrie n'est point le sol, elle est la communauté des affections – qui fait que chacun combattant pour le salut ou la liberté de ce qui lui est cher, la Patrie se trouve défendue. Si chacun sort de sa chaumière, son fusil à la main, la patrie est bientôt sauvée ».

    Ce sont ces hommes et ces femmes qui , en 1792 comme 1944, prirent les armes contre les envahisseurs que l'on nomme les « francs-tireurs »... et auxquels le nom de ce bloc note en ligne rend hommage. Parmi eux, le « colonel Berthier », alias Jean-Pierre Vernant, chef des maquis du sud-ouest, est décédé avant hier. Ce résistant de la première heure, militant communiste non stalinien, fut aussi un grand historien de la Grèce antique, incarnant ainsi parfaitement la phrase de Romain Gary « la nation c'est l'amour des siens, le nationalisme c'est la haine des autres ».

    Le franc-tireur

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