• Je vous conseille d'écouter l'excellente émission radiophonique de France Culture, l'ESPRIT PUBLIC qui traitre ce dimanche d'une question fondamentale : "Nation, nationalisme et identité nationale"
    Avec :

    • Max GALLO
    • Pierre NORA
    • Marc FERRO
    • Jean-claude CASANOVA
    • Philippe MEYER

    Ecouter l'émission (format Real player)

     

    Nation, nationalisme et identité nationale
    Présentation par Philippe MEYER
    . 

    Dans le cours de la campagne électorale, la question de la nation et de l'identité nationale ont fait récemment une entrée remarquée.
    « Une nation est une âme, un principe spirituel écrivait Ernest Renan en 1882. Deux choses qui, à vrai dire, n'en font qu'une, constituent cette âme, ce principe spirituel. L'une est dans le passé, l'autre dans le présent. L'une est la possession en commun d'un riche legs de souvenirs ; l'autre est le consentement actuel, le désir de vivre ensemble, la volonté de continuer à faire valoir l'héritage qu'on a reçu indivis ».
    Les deux éléments de la proposition de Renan constituent l'acception classique du concept de Nation mais sont aujourd'hui sujets à interrogations et le « legs de souvenirs » est remis en question. Un gouvernement qui refuse de prendre part aux célébrations du 200ème anniversaire de la bataille d'Austerlitz ; des mouvements qui réclament l'expression d'une « repentance coloniale », tandis que d'autres tentent d'inscrire dans la loi l'obligation d'enseigner les aspects positifs de la colonisation : il est clair que le socle historique sur lequel repose la Nation s'est effrité à mesure que s'est opérée une déconstruction mémorielle ou qu'a prospéré le confusionnisme. Il n'est pas étonnant dans ces conditions que la seconde partie de la proposition de Renan, le « vivre-ensemble » soit elle-aussi soumise aux questionnements.
    Vous avez récemment déclaré, Pierre Nora, que si l'identité nationale est en crise, c'est à la fois à cause de la « réduction de la puissance de la France », de « l'altération des paramètres traditionnels de la souveraineté », de « l'insertion dans un espace européen », et de « l'affaiblissement du pouvoir de l'Etat » central. C'est aussi, et peut-être surtout, du fait de « la paix, (...) dont vous soulignez qu'elle est « l'une des sources de la confrontation avec soi-même que connaît la France ». Gaullisme et communisme étaient tous deux porteurs d'un projet collectif national, vecteur d'un nationalisme de droite pour l'un et d'un nationalisme de gauche pour l'autre. La chute de ces deux courants structurants de l'horizon politique français a coïncidé avec l'abandon du concept de Nation aux partis de droite et d'extrême droite car, comme l'explique Pierre-André Taguieff, après 1945, « La double hantise de la « menace fasciste » et des « dérives racistes » devient le moteur du progressisme (...). Postulant l'assimilation polémique de la nation au nationalisme, de l'appel au peuple au populisme, elle se traduit autant par un antinationalisme sans nuances que par un antipopulisme sommaire et obsessionnel, qui reviennent à criminaliser le sentiment patriotique, l'attachement national et la souveraineté populaire. »
    C'est autour de ces notions que je vous propose de mener notre débat, en tentant de mieux cerner l'histoire et la nature du populisme aussi bien que d'éclairer les rapports entre identité nationale et nationalisme

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  • Chers élus, ne dites pas oui à notre place

    Madame, Monsieur le député,

    Je vous écris d'un pays, la France, qui a rejeté par référendum la "Constitution européenne". Vous en avez peut-être entendu parler ? Pourtant dans le monde politique, on prétend savoir mieux que les Français ce à quoi ils ont dit Non.

    Et l'on s'apprête quand même à la ratifier, en bloc ou saucissonnée, en entier ou condensée, sous le même nom ou sous un autre. De "Mini-traité" en "traité fondamental de base", les Français comprennent surtout qu'ils sont traités comme des imbéciles.

    Un mariage suppose le consentement mutuel. Or, le 29 mai 2005, la mariée a clairement dit Non. Rien ne vous autorise à dire Oui à sa place.

    C'est pourquoi je vous remercie de vous engager à respecter le Non de la France, en vous prononçant publiquement :

    1) contre le recyclage de la "Constitution européenne" ;

    2) pour que tout nouveau traité européen soit ratifié par référendum. Comptant sur vous, je vous prie d'agréer l'expression de mes respectueuses salutations.

    Nom et adresse de l'expéditeur :

    http://noncnon.fr/


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  • Nous connaissons désormais, la liste des candidats à l'élection présidentielle. Ce qui était prévisible est désormais avéré : les candidats sélectionnés ne servent tous qu'à figer le système le politique : Nous retrouvons en effet avec d'un côté des candidats de la gauche radicale (Schivardi, Laguiller, Bové, Besancenot, Buffet) ou de la droite extrême (Lepen, De villiers) et d'autres plus catégoriels (Voynet, Nihous) qui n'ont aucune chance de remporter cette élection, et trois représentants de la politique libérale et monétariste poursuivie suivie depuis trente années (Royal, Bayrou, Sarkozy).


    Pas de candidat républicain

    De fait, la principale (et mauvaise) nouvelle est l'absence de Nicolas Dupont-Aignan. Aprés le ralliement de Jean-Pierre Chevènement à Ségolène Royal, NDA était le dernier candidat à s'efforcer de proposer un  projet Républicain qui soit assez réaliste tout en étant volontariste pour essayer de sauver ce qui reste de la France. Alors qu'on a vu ces dernières semaines, de nombreux représentants de l'UMP proclamer solennellement qu'il serait inadmissible que « Le Pen ou Besancenot » n'aient pas le nombre de parrainages leur permettant de se présenter, force est de constater que la consigne ne s'appliquait pas à NDA, qui des « petits » candidats « importants » est le seul à être resté sur le carreau. Ainsi, après avoir rendu impossible toute candidature de Chevènement (constamment désigné à la vindicte médiatique comme le responsable du 21 avril 2002), « l'établissement » à empêché NDA de se présenter, privant les citoyens français d'un candidat Républicain social au premier tour de l'élection présidentielle.

    Pour tous ceux qui comme moi s'inscrivent dans un combat Républicain et socialiste, le vote au premier tour n'apparaît déjà plus qu'un second choix.

    Faut-il alors voter blanc comme le proposaient les membres du groupe République ! ? A tout prendre je préfère m'abstenir, pour montrer à quel point l'élection fut dans son organisation même une parodie, d'autant plus que les votes blancs ne sont pas comptabilisés et renforcent paradoxalement la participation électorale et in fine la légitimité du scrutin. Alors, regardons tout de même les candidats en lice.


    Pas la droite...

    Evidemment, j'exclus totalement de voter en faveur de N. Sarkozy, P. De Villiers ou J-M Lepen, pour des raisons qu'il me semble inutiles de préciser. Mais je ne voterai pas non plus pour F. Bayrou. Certains, vraisemblablement de bonne foi, estiment que sa candidature serait en mesure de faire « turbuler » le système, en éliminant un, voir les deux candidats de l'UMP et du PS. Mais une fois à l'Élysée quelle politique mènera F. Bayrou : et bien il poursuivra, avec peut être DSK à Matignon, la même politique en insistant sur des objectifs monétaristes de réduction de la dette ou de flexibilité du marché du travail. Et sur l'essentiel, l'Europe, il va de soi que le candidat de l'UDF ne remettra jamais en cause les décisions et le cadre actuel de l'Union  Européenne. Soyons clair, la ligne politique de Bayrou c'est simplement de contester au PS et à l'UMP le leadership sur la pensée unique, en aucun la remettre en cause.


    Reste la gauche...

    Mon refus viscéral du gauchisme « institutionnel » m'interdit de voter pour la LCR d'O. Besancenot ou pour la candidate des Verts, D. Voynet, ni pour « l'altermondialiste » José Bové.  Je n'ai pas non plus d'affinité avec le programme et la ligne politique de A. Laguiller et de LO. Si je regarde avec sympathie la démarche de CPNT, qui est un mouvement populaire, j'aurai du mal à voter pour un candidat qui défend des intérêts largement catégoriels (bien que les autres candidats ne soient pas non plus exempts d'un tel reproche).

    Ensuite, il y a la candidate du PS, Ségolène Royal. J'ai de gros problème avec sa personnalité et surtout avec la ligne post-moderne et post politique qu'elle défendait jusqu'à très récemment, en particulier en soutenant le « oui » à la Constitution européenne. Force est de constater que son « populisme », s'il est probablement une stratégie électoraliste, l'amène à rompre dans son discours avec une partie de l'orthodoxie européiste et libérale du PS. Les réactions très hostiles de l'aile droite du PS (DSK, Besson...) et la patte manifeste de J-P Chevènement me rendent sa candidature plus sympathique... sans pour autant me convaincre. Ségolène Royal, n'insiste pas sassez sur les points cruciaux que sont la mondialisation et l'Europe, noyant ses quelques propositions timorées (reforme des statuts de la BCE) dans une série de propositions très catégorielles (contraception gratuite pour les mineures...). Sur le devenir du TCE, elle semble avoir pris certains engagements (quoi qu'il arrive une consultation réferundaire), mais reste très floue sur le fait que le TCE doit être clairement abrogé... comme sur sa proposition de « traité institutionnel et social ». Bref, je crains qu'une fois au pouvoir elle n'assume aucune véritable rupture et se laisse phagocyter par les hauts fonctionnaires de Bercy ou de Bruxelles, au non de la stabilité économique, de la réaction des marchés financiers, de l'avenir de l'Europe ou je ne sais quoi encore...

    Au second tour, face à F. Bayrou ou N. Sarkozy, je voterai certainement pour Ségolène Royal, sans aucune illusion mais sans état d'âme. Mais au premier tour, je refuse de cautionner le principe anti-démocratique du « vote utile » pour un candidat du PS qui pour l'instant ne donne pas de véritables gages sur sa rupture politique avec le libéralisme et l'européisme. Si Ségolène Royal poursuivait nettement sa prise de distance vis à vis de l'aile droite du PS et prenait une position forte et claire sur la remise en cause de l'Europe fédérale et libérale, alors je serai peut être amené à revoir ma position...


    Bon gré, mal gré... Schivardi ou Buffet ?

    Après ce – rapide - tour d'horizon il reste que deux candidats :

    -         Gérard Schivardi, un ex-PS soutenu par les Lambertistes du Parti des travailleurs,

    -         Marie-Georges Buffet, candidate du PCF, auto-procalmée candidate de la « gauche populaire et antilibérale ».

    G. Schivardi, se présente sur une ligne politique claire : la Sortie du traité du Maastricht et la défense de l'indépendance des communes. Si j'approuve sans réserve le premier point, le second qui amène M. Schivardi à se présenter comme le « candidat des maires » (ce qui risque de l'amener à ne rassembler que moins de 36 000 suffrages) me laisse plus sceptique. Je ne suis pas non plus, un grand adepte du trotskisme lambertiste... Ceci étant dit, pour défendre le vote du 29 mai 2005, le vote pour Gérard Schivardi peut être un bon compromis.

    Terminons, maintenant sur le cas de la candidate du PCF, M-G Buffet. Ayant souvent voté communiste dans le passé, je regarde avec sympathie la démarche de M-G Buffet. La lecture rapide de son programme m'a plutôt surpris positivement, celui-ci reprenant finalement les grandes lignes d'un socialisme pré- 1983 (nationalisations, rôle de l'Etat, pouvoir d'achat, remise en cause fiannciarisation). Cependant, les poncifs multi-culturalistes et alter-mondialistes figurent aussi en bonne place. En particulier, le quasi-ralliement à l'hypothétique « Europe sociale » me laisse très sceptique. Pour autant, le fait que l'aile droite du parti (hue-sites et rénovateurs) et certains « gauchistes » (LCR, Bové) soient très hostiles à cette candidature m'incite ici aussi à considérer le vote M-G buffet avec intérêt.


    Au final, il n'y aura pas pour moi, ni je pense pour les républicains, un véritable vote de conviction ou même d'adhésion à la présidentielle. Le choix final ne sera donc pas enthousiasmant et n'en aura finalement que moins d'importance. La campagne officielle qui débute la semaine prochaine, sera peut être l'occasion pour les candidats d'affirmer et de clarifier leur ligne politique. J'écouterai, puis je choisirai ce qui m'apparaîtra comme la « moins pire » des solutions...

    Election piège à C... ?

    le Franc-tireur


    2 commentaires

  • par Jean-Jacques Chavigné
     
     
    Sarkozy ne cesse de déclarer que le « coût du travail plus élevé en France que dans les autres pays européens » serait responsable du chômage...

    On pourrait tout d'abord, s'étonner que Sarkozy considère le chômage comme un problème : les gouvernements auxquels ils participent - avec grands tapages- depuis presque cinq ans, n'ont cessé, en effet, de renforcer le chômage en allongeant la durée du travail, en faisant stagner les salaires, en ne remplaçant qu'au compte gouttes les fonctionnaires partant à la retraite, en allongeant la durée de cotisations pour pouvoir obtenir une retraite à taux plein... Les mesures qu'il propose aujourd'hui vont toujours dans le même sens : rendre les heures supplémentaires moins onéreuses que l'embauche, ne pas remplacer « un fonctionnaire sur deux qui partirait en retraite »... Pour un homme de droite, partisan de l'ultra-libéralisme, c'est tout à fait compréhensible : rien ne vaut, en effet, la peur du chômage pour imposer silence sur les salaires ou les conditions de travail.

    Mais surtout l'affirmation de Sarkozy est radicalement fausse.

    Les salaires bruts français (salaires nets + cotisations sociales salariales et patronales) ne sont pas plus élevés que les salaires de la majorité des pays européens

    C'est ce qu'affirme elle-même la Fédération des employeurs européens (Fedee). Le salaire brut médian français (50% des salariés français gagne plus, 50% gagne moins) arrive en 14ème position (sur 25) des salaires européens, loin derrière le Danemark ou la Suisse mais aussi derrière l'Allemagne, les Pays-bas, l'Italie, le Royaume-uni, la Suède ou la Belgique.

    C'est pourtant avec ces pays que la France a les ¾ de ses échanges.

    La fiscalité des entreprises françaises n'est pas plus élevée que celle des principaux pays européens

    Selon la Droite et le Medef, le taux français de l'Impôt sur les Sociétés (33,3%) est supérieur de 9 points à la moyenne européenne qui est de 24%. Il faudrait le ramener à 20% pour être compétitif !

    Cela revient, au passage, à passer sous silence que la plupart des PME ne connaissent qu'un taux de 15% Cela ramènerait, surtout, le taux français au niveau des taux polonais ou slovaque (19%) accusés de « dumping fiscal ».

    Mais surtout, le taux n'a aucune signification si on ne sait pas à quelle assiette, à quelle base d'imposition il s'applique.

    Si l'on ramène le taux d'imposition de l'IS au bénéfice brut des entreprises (Excédent Brut d'Exploitation) : le taux effectif de prélèvement (7,2%) situe la France au 15ème rang européen sur 25. Loin derrière les pays nordiques (11,3% pour la Suède) mais aussi derrière le Royaume-Uni (10%), les Pays-bas (9,1%) et même l'Irlande (7,7%).

    Comme quoi les jérémiades du Medef et de la droite cachent une réalité scandaleusement favorable aux grandes entreprises françaises.

    Si la droite abaissait l'IS comme elle le prévoit, le taux de prélèvement effectif de l'IS français serait ramené à 4,3 %. Cela mettrait le France au 23ème rang européen, tout juste devant la Lituanie et l'Estonie.

    Une guerre fiscale européenne

    Les autres pays européens ne se contenteraient pas de lire le journal : ils abaisseraient eux aussi les impôts des entreprises. La France aurait déclenchée une guerre fiscale et tous les impôts sur les sociétés s'aligneraient ver le bas. Les entreprises françaises ne gagneraient donc strictement rien en terme de compétitivité. Par contre, les recettes fiscales de l'Etat français seraient amputées de 20 milliards d'euro annuels si le projet de la droite venait malheureusement à être appliqué.

    Cette baisse de 20 milliards donnerait à Sarkozy (si par malheur il l'emportait) et au Medef un nouveau prétexte pour attaquer les dépenses sociales et le service public, au nom d'un déficit qu'elle aurait elle-même accentué de 20 milliards d'euros chaque année.

    Les salaires et les impôts ne sont pas les seuls coûts des entreprises : il y a aussi les coûts du capital !

    Ce qui coûte de plus en plus cher aux entreprises et que Sarkozy et le Medef passent totalement sous silence, ce sont les dividendes versés aux actionnaires des grandes entreprises. Pour les PME, ce sont les frais bancaires et les délais de paiement de plus en plus longs imposés par les grandes entreprises donneuses d'ordre à leurs sous-traitants.

    Entre 1983 et aujourd'hui, la part des profits dans la partage des richesses crées chaque année par les entreprises est passée de 31 à 41%, alors que celle des salaires diminuait de 69% à 59% de la richesse créée chaque année. Ce qui représente une perte pour les salaires d'environ 150 milliards d'euros annuels : 15 fois le déficit de l'assurance-maladie !

    La seule évolution des dividendes est faramineuse : +218% entre 1993 et 2005. Par comparaison, la masse des salaires distribuée n'a augmenté que de 135% sur la même période.

    Les entreprises et l'emploi sont de plus en plus « pénalisés non par le « coût du travail » mais par le poids exorbitant des « charges financières ».

    Les grandes entreprises donneuses d'ordre siphonnent les profits des PME sous-traitantes en baissant les prix, raccourcissant les délais de livraison et allongeant les délais de paiement.

    La plus grande partie des profits des grandes entreprises n'est pas investie de façon productive mais placée de façon spéculative sur les marchés financiers, en premier lieu les marchés financiers des Etats-Unis. Ce qui contribue à renforcer la suprématie technologique et financière de l'économie américaine et les déséquilibres de l'économie mondiale.

    Jean-Jacques Chavigné,  Démocratie & Socialisme


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